12h50 23 févr. 2014
La circulation à Coupvray, c'est bien connu, elle est difficile.
Difficile en effet de respecter une urbanisation ancienne, des protections qui datent, et une traversée Nord-Sud directe avec des pentes raides.
Ardue pour les véhicules motorisés, dans des rues étroites prévues pour les charrettes à ânes plus que pour les ânes en char en transit et donc nécessairement limitée à 30 à l'heure.... bien difficile encore à respecter par les chevaux de nos puissants moteurs.
Alors faute de grands et larges trottoirs, Coupvray s'enorgueillit depuis des lustres de ses "cheminements doux", doux euphémisme pour nommer les sentes un moment fragilisées (par exemple vente de la sente de la glaise aux riverains entre 1986 et 1989) mais généreux agrandissement de 1989 à 2007. Par contre leur entretien ...
Attention toute particulière renouvelée, ce Lundi 10 février 2014 au Conseil Municipal, de confirmer le nom de la sente de l'Aulnoye dans sa totalité. Où se trouve-t-elle à quoi sert-elle? Et d'abord pourquoi l'Aulnoye, il semble que beaucoup de choses s'appellent ainsi.
L'aulnoye ou aulnaie, signifiant zone humide où les aulnes prospèrent, sans même y être plantés. L'Aulnoye à Coupvray constituait un fond de vallée dans l'ancien bras du Morin, en cette zone marécageuse résultat de l'assèchement partiel des bassins exploités au moyen âge. Zone qui se poursuit vers Lesches et Jablines. Il nous reste à Coupvray un souvenir par la "rue des marais", et l'aulnoye fut divisée en deux en 1848 par le creusement du canal de Meaux à Chalifert, afin de rendre plus aisée la navigation dans cette boucle de la Marne.
Au nord restait une poche souvent inondée qui recueillait le bas de l'urbanisation du village ancien, dans la dernière portion du rû de Coupvray. Un ouvrage en siphon, beau travail en meulière, permettait au petit ruisseau de traverser le canal isolé de la nappe par des bords en argile travaillée sur place, une surverse de sécurité déversait dans le canal les excès des grandes précipitations, un endroit recherché des pêcheurs nommé la goulotte.
Au sud, la zone humide recueillait naturellement toutes les eaux de ruissellement du flanc nord du talweg, sols principalement dédiés à la culture jusque dans les années 60. Exposée au sud, avec des sols argileux et caillouteux, la vigne s'y plaisait, les Cupressiens la protégeaient, et de nombreuses sentes parcouraient les petites parcelles. La rue des "Molveaux" ne fait que préciser les choses, retraits et gonflement d'argiles furent souvent la contrepartie à la belle exposition sur la vallée. Quant à l'eau elle ressortait des "Rouillardes" ou des fontaines, mais s'infiltrait pour inonder l'Aulnoye.
Les peupliers d'abord, les drains modifiés par la plateforme pour l'installation à Esbly du centre logistique des prospecteurs de pétrole (le referions-nous de nos jours, où nous ne voulons pas connaître nos capacités en gaz de schiste?), l'urbanisation enfin d'Esbly, ont contraint la commune de Coupvray à fermer le passage du siphon et n'utiliser que la surverse dans le canal (évidemment en rupture complète avec les règles d'entretien et sécurité de cet ouvrage qui ne devrait pas avoir de courant).
Concevoir une circulation piétonne était donc un enjeu, un défi où il fallait persévérance, patience et moyens, la désignation et peut-être après quelques travaux de nettoyage et de mise en valeur, l'inauguration de cette sente sera le signe d'une victoire politique importante pour celui qui s'y est attaché.
Les faits importants:
Lutter avec les riverains pour conserver la "sente du pont de Try" qui n'aboutissait à rien.
Acheter une parcelle du lotissement des prés déjà finalisé, avec prévision d'en rrétrocéder le délaissé.
Négocier, lors du lotissement des Marais avec le propriétaire afin d'acquérir une large parcelle de la peupleraie pour accéder au bord du canal.
Obtenir les autorisations de la navigation, (VNF et Port Autonome de Paris) pour un passage sur les voies de halage. (pour les plus jeunes, ces bords servaient à la traction par des chevaux des barges de l'époque avant les péniches motorisées)
Etudier, financer, la passerelle, où le bois fut choisi en souvenir de l'ancien pont et dans l'esprit rural du village.
Réserver un passage au bord de la zone d'activité lors du POS de 1990, et assurer par un espace vert la liaison possible avec une voie dans la Fontaine Fleurie d'une part et la "sente de la Romaine" vers la mairie. Espace largement occupé désormais par un bassin mais dont les études en 2007 ont préservé toutes les possibilités de circulation.
Profiter de la pose des poteaux d'accotement (dits Ducs d’Albe) lors du chantier, devant compléter le schéma par un usage possible en port fluvial, de promenade, souvent réclamé par des péniches d'agrément, en particulier pour organiser des visites scolaires au musée Louis Braille.
Et finalement organiser dans le plan du nouveau lotissement de 4 lots, une voie piétonne utilisable pour l’accès des riverains.
En résumé, la sente de l’Aulnoye, relie (en descente dans ce sens) le coteau nord au coteau sud. Aulnoye pour la sente, pour la zone humide qui mérite le classement en Espace Naturel Sensible, le bassin Bep26b, enfin la zone d'activité avec ses commerces. Ce petit reportage fait l'objet d'un album "les sentes" n'hésitez pas à descendre en premier la sente de l'Aulnoye, vous y trouverez les commentaires.