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Si Coupvray m'était conté, histoire politique des 30 dernières années.

 09h05 25 juin 2013

Tracer dans une petite notice l'histoire de Coupvray, je laisse cela à plus qualifié que moi en histoire, les clubs l'ont fait et auront encore le plaisir de découvrir beaucoup de choses dans les archives, on pourra citer l'instituteur Vaudescal en 1887 puis Darche vers 1900. Le conservateur-créateur du musée Braille Jean Roblin plus près de nous dans la période 1950-1975, enfin la Grangée de l'histoire ou l'Atelier d'histoire de Coupvray.

C'est de la petite histoire des confrontations des idées et des projets, finalement des réalisations ou des projets avortés, enfin des heurs et malheurs des candidats aux élections, et aussi des évolutions entraînées par ces ambitions de gouvernance, du niveau d'équipement et des finances de la commune, du niveau de confort et cadre de vie de ses habitants, que l'auteur de cet article à l'intention de conter. Juste une façon de ne pas oublier les leçons du passé, pour réfléchir à l'avenir.

Après un rapide survol d'un lointain passé, jusqu'aux 30 glorieuses, nous ralentirons avec le plan de Marne la Vallée sa révision vers 1975, et plus finement depuis le rapprochement du changement, avec l'opération Disney la concrétisation en 1987 et le nouveau SAN de 1989 à aujourd'hui.


I/ Histoire ancienne

Les coteaux nord, (Chauds Soleils, rue de Try, Rouillardes, Fontaines) portent les traces d'occupations anciennes, grâce à l'intérêt des affleurements de silex qui dominaient la zone marécageuse de la vallée de l'ancien lit du Morin.

Dans la plaine (espace où fut creusé le canal, emplacement de l'école et du parc sportif) dans une zone agricole fertile, il fut découvert un "trésor" de pièces probablement jetées dans un puits lors des invasions des 4eme,5eme siècles. Les fouilles archéologiques confirmèrent la présence d'une villa gallo-romaine.

Après l'an mille, on assistera à la repopulation, des terrains appartenant à l'abbaye de St Denis et en particulier, les élevages piscicoles dans le marais entre Esbly, Coupvray et Lesches, et l'assèchement pour les mises en culture..

Enfin, le domaine fut propriété des Rohan, de 1600 à 1791, le château et son parc leur appartenaient, ils exploitaient aussi les terres agricoles entre Montry et Magny, d'où la possibilité de contenance considérable des pigeonniers, du château et de la ferme. A la Révolution, Louis de Rohan, le Cardinal se réfugia dans ses terres de Saverne en vendant son fief, l'acheteur le Marquis d'Orvilliers, maire de Coupvray sous l'Empire puis Conseiller Général et Pair de France, facilita le placement de Louis Braille à l'Institution Royale des Jeunes Aveugles en 1818. 

Après le décès du marquis, sa fille revendit le château, qui par héritage revint au Duc de Trévise, ambassadeur de France de Napoléon III, petit fils du Maréchal Mortier.  En 1887 à l'exposition, le maire présentait un petit livret descriptif du village rédigé par l'instituteur Vaudescal à un concours des particularités rurales, ce fut aussi l'occasion de l’élévation d'un monument en la mémoire de Louis Braille, buste du sculpteur Etienne Leroux, qui le destinait à être placé face à son école, la mairie actuelle. 

II/ la gloire de Coupvray 1952

Dans les années 50 le fils du nouveau propriétaire de l'hôtel St Pierre, Jean Roblin, conservateur du musée de Bry-sur-marne, s'émerveilla du village et fit la découverte de son patrimoine, il incita le maire Pierre Monnet à le valoriser, il constitua "l'Association des Amis de Louis Braille", et 1952, pour le 100 ième anniversaire du décès de l'inventeur, vit le transfert de ses cendres au Panthéon, et le rachat de sa maison natale, avec l'aide des habitants. Il constitua le musée que l'on connaît. Consulter "Les doigts qui lisent, Vie de Louis Braille 1809-1852" par Jean Roblin édition Regain-Monte Carlo 1952 préface de Georges Bidault.

III/ Ville Nouvelle et l'après 68

C'est encore Jean Roblin qui consacra un article dans la revue "des amis des Monuments et Sites de Seine-et-Marne" (année 1975 n6)  pour dénoncer les risques que faisait courir la révision de 1974 du SDAU de l'Ile de France de 1969, Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme de Paul Delouvrier créant les villes nouvelles dont Marne-La-Vallée. Encore le village de Coupvray était-il épargné puisque la ville s'arrêtait au nord à la RN 34. Sa réaction était pleine d'espoir, il concluait: "Pourtant rien n'est totalement perdu encore... Coupvray peut être sauvé, son site protégé... Il faut maintenir l'originalité de ce village, lui conserver son caractère briard, l'architecture de ses maisons, le pittoresque de sa place , de ses rues, de ses sentiers. Il est nécessaire de contrôler sa croissance, son évolution. Le pays où naquit Louis Braille, inventeur d'un alphabet utilisé dans le monde entier, se doit d'avoir une vocation culturelle au service de tous les hommes... Ce n'est pas une utopie que d'imaginer pour Coupvray, cet avenir..."

Ce qu'il craignait c'était une pression sur les franges de la ville, les délaissés des règlementations étatiques, dans son chapitre III, "Demain Coupvray sera la banlieue d'une énorme ville bâtie sur ls coteaux sud qui dominent la vallée de la Marne, ville qui s'étirera depuis Bry-sur-Marne jusqu'à Magny-le-Hongre, c'est la grande citée prête à engloutir le village...".

Dans cet article il se montrait aussi devin: "Les plans les plus sages sont souvent bousculés par des impératifs d'expansion qui ne tiennent plus compte des décisions antérieures."

Mais surtout, sa réaction était dirigée envers les nouvelles orientations du maire de l'époque, l'après 68 avait gagné une poignée de "progressistes", le maire Bernard Castagner (1971-1982) émit des idées bien novatrices pour une population rurale sûrement prise dans la fougue écologiste, l'ambition de la croissance et des projets de développements qui devaient apporter de nouveaux crédits, un mode participatif avant la lettre , l'autogestion  devait se heurter aux réalités du financement des études d'urbanisme, des équipements nécessaires aux nouveaux habitants et aux insuffisances des lotisseurs. Le point final fut l'endettement pour le réseau d'eaux usées et la station d'épuration, bien en avance sur son époque pour une si petite commune, qui firent exploser le budget au point que le Préfet dut y mettre bon ordre, en destituant le maire et en augmentant d'office les impôts des deux exercices suivants. Des nouvelles élections amenèrent des hommes de raison, derrière un agriculteure ayant les pieds sur terre et l'habitude des budgets serrés.

Les lois de décentralisation de 1983 donnèrent beaucoup plus de pouvoir aux élus, en matière de gestion d'urbanisme local, le nouveau maire Jacques Taberlet devait engager le plan communal et les conseillers arrêter avec l'aide de la DDE, du géomètre le plus en pointe du secteur, et les agents immobiliers connaissant les possibilités foncières, un premier Plan d'Occupation des Sols en 1986, qu'il fallut mettre en révision dès sa promulgation puisque devant prendre en compte la Convention Disney. De fait depuis 1985 le projet d'implantation du parc Disney Europe se discutait, imaginez les 5 maires de communes de 250 à 1500 habitants, sur convocation du premier ministre, aller parapher un document  "la Convention de 1987" sur lequel ils n'avaient jamais travaillé, convention fixant pour 30 ans le développement du 4eme secteur de Marne la Vallée, qui semblait alors quasiment abandonné.

Ce POS proposait zone d'activité et lotissements, afin d'apporter les devises nécessaires à la modernisation. Ces opérations à peine lancées en 1987 ne verront le jour que dans le mandat suivant.  

IV/ OIN Disney 1987

 Les négociations pour l'implantation d'un parc Disney en Europe, menées depuis 1985 aboutirent à l'Opération d'Intérêt National du parc Eurodisney en 1987. C'est par un PIG (Projet d'Intérêt Général) qu'étaient transcrits, plans, programme, et échelonnement de l'aménagement, les populations étaient averties par les maires tenus d'organiser la vie locale dans le cadre des villes nouvelles en choisissant son mode d'administration que fut le SCA devenu Syndicat d'Agglomération Nouvelle des Portes de la Brie, nom qu'il porta jusqu'à 2001 avant de prendre le nom du centre commercial "Val d'Europe".

Les informations diffusées pour faire admettre le projet furent plutôt rassurantes, l'organisme d'Etat l'Epafrance créé pour l'occasion, dont le maire de Coupvray assuma le premier mandat de président car commune nettement la plus peuplée, était enclin à mettre en valeur les qualités du village, son objectif premier étant d'assurer l'achat des parcelles préemptées sur le plateau, et d'assurer les premières phases des chantiers d'infrastructures. Les habitants furent rassurés, le planning prévoyait une ouverture du parc en mars 1992, de nouveaux axes de transport à proximité et des activités pouvant amener des emplois. Un objectif d'accueil de populations nouvelles dans un parc de logements, fixé à 30.000 habitants à terme (2017) sembla raisonnable et accepté.

D'une plaquette diffusée en 1987 nous extrayons les chiffres suivants:

 finances locales - niveaux de taxes. (en Francs)

Foncier non bâti

 Commune  Superficie Base 86 Taux 85
Coupvray  8,09 km2 333.000 45,49
Bailly-Romainvilliers  8,01 297.000 37,75
Magny-le-Hongre  4,66 212.000 27
Serris  5,65 223.000 42,34
Chessy  5,74 235.000 32,40

  

   

 

 

 

 

 

Foncier Bâti   

Commune   Base 86 Taux 85
Coupvray   3.020.000 20,78
Bailly-Romainvilliers   612.000 15,61
Magny-le-Hongre   412.000 10
Serris   576.000 13,4
Chessy   1.819.000 15,60

 

 

 

 

 

 
Taxe d'habitation:

Commune  population Base 86 Taux 85
Coupvray  1.416 6.546.000 8,62
Bailly-Romainvilliers  402 1.150.000 10,29
Magny-le-Hongre  264 832.000 6
Serris  422 1.306.000 9,28
Chessy  760 4.353.000 7,72

 

 

 

 

 

 

 Taxe professionnelle:

Commune   Base 86 Taux 85
Coupvray   1.443.000 7,96
Bailly-Romainvilliers   1.262.000 7,12
Magny-le-Hongre   11.000 8
Serris   683.000 5,63
Chessy   1.282.000 7,33

 

 

 

 

 

 

Coupvray et Chessy étaient les communes les plus peuplées, dans la répartition des activités et des logements sur l'ensemble de l'aménagement, décrit dans le plan contenu dans le PIG, les parcs d'attraction étaient placés sur le territoire de Chessy, et les hôtels sur Coupvray en majorité. Magny accueillait un golf et des habitations, Bailly partageait un parc d'activité avec Serris, Serris devait devenir le centre le plus dense de la future ville, avec plus de la moitié de la population, la gare  RER et une galerie marchande.

Mais les auteurs de cette répartition avaient-ils en tête les conséquences en répartition de rentrées fiscales? Si la communauté (le SAN) percevait la taxe professionnelle future: celle de l'activité des parcs, des hôtels de Disney, également du centre commercial et du parc d'activité, elle privait immédiatement les communes des revenus existants, seuls ceux des fonciers bâtis futurs devant revenir aux communes d'accueil, il y eu donc désaccord dans la répartition d'une part de taxe professionnelle dès le début en ne suivant pas la simple règle de répartition à la population. Ce fut sûrement la base d'une rupture entre les 3 communes du sud, et les 2 communes du nord , séparées symboliquement comme sur le logo du SAN de l'époque2469009326.jpg par la RN34. 

C'est dans ce contexte de tensions que se préparèrent les élections de 1989, les enjeux étant placés plus sur l’intercommunalité que sur les communes qui avaient déjà perdu pour le futur leur autonomie de décisions, l'urbanisme et les dépenses d'infrastructures étant transférés à l'organe commun, qu'on n'appelait pas encore EPCI..

V/ les 25 dernières 1989-2013

 Tableaux de la dernière situation diffusée en 2011

 Taxe habitation en euros (Chiffres issus étude du SAN)

Commune population 2009 Base 2011 Taux 2011
Coupvray 2781 2.702.000  8,90
Bailly-Romainvilliers 6147 5.004.000  15,13
Magny-le-Hongre 5500 5.689.000  14,97
Serris 7402 6.033.000  16,30
Chessy 4216 4.867.000  8,75
Total TH   24.295.000 13,41

 

 

 

 

 

 

 

 

 Foncier bâti

Commune    
Coupvray 8.700.000

30,04

Bailly-Romainvilliers

6.317.000 32,31
Magny-le-Hongre 7.720.000 23,16
Serris 14.632.000 34,29
Chessy 25.641.000 22,54

Total Foncier Bâti

62.641.000 27,39

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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C'est par la retranscription d'une série d'entretiens que notre reporter Thierry Leclache, va nous retracer l'histoire des mandats communaux couvrant la période 1989-2011.

 

TL: En rapportant les interviews "reconstruits" de quelques élus municipaux de Coupvray, mais aussi d'autres communes du SAN ou d'opposants politiques qui ont bien voulu dialoguer avec moi; aussi en obtenant des explications sur les articles de journaux ou des chiffres issus des budgets, j'ai essayé de retracer la vie quotidienne des cupressiens pendant ces années que nous pourrions considérer comme les "20 glorieuses" de ce petit village.

 

TL. Bonjour GV, vous étiez proche de certains conseillers et vous avez connu le maire en place Jacques Taberlet, vous êtes probablement beaucoup intervenu pour constituer sa liste aux nouvelles élections de mars 1989.

-Effectivement par ma profession j'ai la chance de connaître des anciens et nouveaux habitants. Première sollicitée, car prenant en quelque sorte la succession de mon père nous nous sommes vite aperçu qu'il était difficile de réunir 21 candidats.

La mise en place du POS en 1986 et la mise à jour depuis 1987 (pour la conformité avec la convention Disney) était en cours d'enquête publique. Les travaux des nouveaux lotissements et surtout les freins budgétaires suite à la construction de l'école maternelle avaient provoqué la grogne chez certains "anciens". En particulier les rapports étaient difficiles entre Taberlet et les parents d'élèves mobilisés par L'APEEP, la grande association montée par le directeur de l'école qui supervisait toutes les activités de loisir sous le nom d'Amicale.

TL-Cette fameuse association était pourtant largement subventionnée.

-Bien sûr et sur une population de 1500 habitants elle recueillait environ 600 adhérents, pour organiser les activités de loisirs culturels ou sportifs. Il fallait toujours plus de locaux, plus de financements et le budget communal consacrait déjà 65% en dépenses pour la jeunesse.

Pour en revenir à la constitution de la liste, je fis appel à mes amis du volley et donnait quelques noms de nouveaux habitants, ce fut ainsi que François Bentz qui venait d'acheter la maison du docteur X fut approché.

TL. Quelles étaient les diverses candidatures face à la liste du maire sortant?

- Depuis la mobilisation autour de la bataille du Silo par Madame Chaix et son mari qui animait une association de défense du site Esbly-Coupvray, le parti socialiste dirigé par Madame Françoise Wortham, une autre association plus culturelle que sportive "Renaissance et Culture" dont l'animateur Fernand Verdellet avait émergé lors des ennuis de construction du lotissement Château Gaillard, voilà les acteurs les plus engagés dans un désir de gestion municipale.

TL. Quels étaient les enjeux politiques?

-Pour un petit village avec les seuls revenus venus des taxes sur les habitants avec donc de faibles investissements possibles, il n'était pas bien vu d'afficher une tendance politique. Bien que Taberlet soit la figure locale RPR avec Michel Colombé à Bailly, aucune liste ne revendiquera le soutien d'un parti, même des plus engagés au parti communiste, comme Leroux ou Lefort rendirent leur carte. 

TL. Comment avez-vous été recruté par Jacques Taberlet pour vous joindre à sa liste? 

GB Mon père depuis quelques années en retraite, était très actif au CCAS et en relation régulière avec le Maire. C'est ainsi qu'il fut chargé de m'engager. Comme beaucoup de Cupressiens je travaillais sur Paris, les déplacements, les activités, ma famille, me laissaient si peu de temps que je n'avais pas envisagé cette nouvelle occupation. A quelques jours de la limite de présentation des listes, je fus directement relancé par le maire qui m'invita à une présentation de sa vue du mandat. Il réussit à me convaincre en acceptant des corrections à ses projets. 

TL. Quelles étaient les relations entre les colistiers? se connaissaient ils, partageaient ils les projets du leader de la liste? 

-L'objectif était d'abord de compléter la liste, je me souviens n'avoir rencontré le futur Maire (FB) que sur la place lors de la première réunion de ce qui s'appellera "l'Equipe", à cette réunion qui précédait de quelques jours la date limite d'enregistrement des candidats, il nous manquait encore des noms. Nous eûmes un schéma de répartition des tâches, les anciens reconduits la plupart retraités à l'image du Maire seraient les plus sollicités, les jeunes consultés. Nous n'avions aucune expérience et aucune idée des sujets que nous aurions à affronter donc nous étions dans le besoin d'être guidés. Aucune question de capacité ou de penchant politique n'a été abordée, la seule sélection était du ressort de Jacques Taberlet. 

TL. Gérard, vous étiez tout nouvel habitant, comment avez-vous vécu la campagne de 1989? 

GS- Notre maison n'était même pas encore totalement équipée, notre installation en cours dans le nouveau lotissement de l'Oustal et comme les inscriptions des enfants, les diverses démarches me demandèrent de fréquents rendez-vous avec le maire, c'est à cette occasion qu'il me fut proposé d'intégrer la liste. Je n'avais jamais vécu une campagne municipale. Le maire sortant semblait tranquille, très organisé, les "anciens conseillers" qui se représentaient préparaient les documents et nous n'avions qu'à les relire. Je me souviens de quelques accrochages sur des sujets d'urbanisation, de protection des boisements de la part de Gérard Barbier qui se montrait critique et exigea des modifications et à cette occasion devint mon ami. Les affiches, les distributions de tracts dans les boites aux lettres se passaient sans encombres, aucune invective dans les quelques manifestations où les leaders de listes se croisaient. En fait le directeur des écoles Francis Tesseyre qui était l'âme de l'Amicale où tous les Cupressiens, école oblige, se rencontraient, exprimait son soutien aux opposants, mais comme deux de ses membres avaient intégré notre liste et que tous travaillaient avec le Maire pour organiser le grand évènement qui se préparait alors: le bicentenaire de la Révolution, ce sont quelques anicroches entre des amis d'hier qui enflammaient les esprits. 

TL. Dites m'en plus. 

GS- On ne comprenait pas vraiment, en particulier Madame Filastre, figure de l'aide sociale, qui dirigeait le CCAS, se trouva mise en cause par une remarque du maire, il s'ensuivit une polémique qui masquait probablement des enjeux plus importants que je découvris ensuite quand je pris ma place de délégué au SAN, au moins dans le soutien du voisin de Madame Filastre qui devait se trouver manipulée. 

TL. Reprenons la phase du vote. Il fallut deux tours, ce fut parait-il une surprise pour le maire sortant. 

GV. D'abord rappelons la règle des élections locales pour une commune de moins de 2000 habitants comme Coupvray en 1989: les habitants peuvent choisir leurs élus en rayant les noms de ceux qu'ils écartent sur les différentes listes, pourvu que ce soit sans signe distinctif et qu'il ne reste au maximum le nombre de sièges à pourvoir. Donc lors du dépouillement au seul bureau de la mairie, nous remarquions de fréquentes éliminations sur la liste des sortants. A la fin du décompte, seuls douze élus de la liste du maire passaient. Je me rappelle très bien des sauts de joie de Charles Boetto qui n'en revenait pas d'avoir une seule voix de majorité, jusque là silencieux et peu participatif, il s'exprimait brusquement avec joie. Dans l'autre camp, il y avait aussi un heureux, Leroux, un opposant figure locale du parti communiste très actif puisque membre de l'Amicale il avait été honoré par l'ancien maire qui l'avait désigné au Comité des fêtes. Mais le choc ce fut la mise en ballotage du maire et de ses principaux coéquipiers expérimentés, mais aussi soupçonnés de tentation de bétonnage. 

Le second tour se présentait mal pour lui. Il était tellement découragé qu'il envisageait même ne pas se représenter, incapable de rédiger une relance de campagne, alors que dynamisée par ces résultats le liste "Coupvray Demain" retaillée avec les sept candidats les plus connus devenait agressive et très disserte. 

TL- Vous avez été écarté et sacrifié par vos collègues, FL racontez-moi. 

François- Ce fut très dur pour moi, le lendemain du premier tour, nous nous sommes réunis entre "battus" à l'écart des autres afin de déposer la liste des candidats au second tour. Comme il y avait déjà un élu de l'opposition sur les 19 postes à pourvoir on devait ne présenter que 6 candidats. C'était un peu comme "tirer à courte paille". Aucun ne fut volontaire à part Jacques qui n'était plus qu'une ombre, tous avaient non plus de l'espoir mais une ambition, surtout une motivation cachée qui m'échappait alors, étant l'un des seuls très proche de Taberlet. On envisagea que celui qui avait le moins de voix ne se représenterait pas mais il s'agissait de Jacques, ce qui était bien sûr inconcevable et l'effet de sa plus grande implication dans tout ce qui avait pu provoquer des reproches. Ainsi les électeurs ont-ils à choisir ceux qui font le moins parler d'eux, en général parce qu'ils ne se mouillent pas et sont peu actifs. C'est triste à dire mais du pain et des jeux c'est une recette très ancienne. Pour moi bien qu'ayant un score honorable, on m'assura que la future majorité me gardera ma place active en urbanisme et à l'école où on comptait depuis plusieurs années sur mes services. On finit par me convaincre de me retirer. C'est quand nous l'avons annoncé aux élus du premier tour que j'en pris conscience et éclatai en sanglots. Heureusement beaucoup des nouveaux me prodiguèrent leurs encouragements et leurs promesses d'attention. Dans les jours suivants nous formions un petit groupe autour de Madeleine Vincent et Gérard Barbier pour la rédaction et la diffusion des tracts d'entre deux tours.

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